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Réunion spirituelle

L’arbre, le fruit et l’édifice

Bibliothécaire universitaire de BYU

2 avril 2024

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L’arbre, qui représente l’amour de Dieu, et son fruit qui rend heureux, sont une alternative à l’orgueil, à la vanité et à la sagesse du monde.


Nous sommes toujours prêts à améliorer nos traductions. Si vous avez des suggestions, écrivez-nous à speeches.fra@byu.edu.

Mes frères et sœurs, j’ai beaucoup réfléchi et prié avec ferveur pour être guidé dans ma préparation à cette occasion unique. Je suis profondément conscient du privilège que j’ai d’avoir accès à votre temps et à votre attention, et parce que vous êtes précieux pour moi, et infiniment plus précieux pour votre Père céleste, j’ai tenu à dire toutes les choses et seulement les choses qui vous seront les plus utiles pendant notre court moment ensemble. 

Lorsque j’écris et que je fais des conférences dans un cadre professionnel, mon objectif est toujours d’identifier et de transmettre efficacement des choses qui sont à la fois vraies et utiles. J’essaie de faire pareil aujourd’hui, mais avec une grande différence. Dans mes conférences professionnelles, j’essaie de me concentrer sur des choses qui sont éventuellement vraies et qui sont utiles au niveau professionnel. Aujourd’hui, j’espère partager des choses radicalement vraies et qui ont une importance éternelle. Je prie pour que je partage avec vous pendant cette réunion des choses qui peuvent être confirmées dans nos cœurs par le témoignage du Saint-Esprit et que, de ce fait, nous soyons tous édifiés ensemble1.

Trois symboles dans la vision de Léhi

Comme nous le savons tous, le livre de 1 Néphi dans le Livre de Mormon contient le récit du rêve visionnaire du prophète Léhi dans lequel il a vu des multitudes de personnes, un grand et spacieux édifice, une rivière, un sentier enveloppé d’un brouillard de ténèbres et une barre de fer qui longeait le sentier et traversait le brouillard jusqu’à un arbre2.

Rappelons-nous brièvement ce que l’arbre, le fruit et le bâtiment représentent dans la vision de Léhi. Selon l’interprétation qu’un ange guide a donnée à Néphi, le fils de Léhi, le grand et spacieux édifice représente « le monde et sa sagesse3 », « l’orgueil du monde4 » et « les vaines imaginations et l’orgueil des enfants des hommes5 ». Il est intéressant de noter que Néphi n’a pas eu besoin qu’on lui explique le symbolisme de l’arbre ; il a tout de suite compris qu’il représentait « l’amour de Dieu, qui se répand dans le cœur des enfants des hommes6 ». Cet arbre, qui représentait l’amour de Dieu, produisait un fruit qui « était désirable pour rendre heureux7 » et qui, quand Léhi en a mangé, était « très doux, au-delà de tout ce [qu’il avait] jamais goûté auparavant8 » et « [remplissait son] âme d’une joie extrêmement grande9 ».

Dans la vision de Léhi, quelle est la relation entre le grand et spacieux édifice, et l’arbre et ses fruits qui rendent heureux ? Le bâtiment, qui représente l’orgueil et la sagesse du monde, fournit à ceux qui choisissent d’y entrer une plate-forme pour se moquer de ceux qui « étaient venus manger du fruit10 ». Le résultat est que beaucoup de ceux qui en ont mangé « furent honteux […] ; et ils tombèrent dans des sentiers interdits et se perdirent11. »

Il y a deux choses importantes à noter concernant le message de la vision de Léhi. Premièrement, ceux qui ont abandonné l’arbre et ses fruits délicieux ne l’ont pas fait parce qu’ils étaient déçus par le fruit. D’après ce que nous savons, nous pouvons supposer qu’il leur était délicieux et qu’il remplissait leur âme d’une grande joie. Ils semblent avoir laissé tomber le fruit et s’en être détournés parce qu’ils avaient honte. Voici la deuxième chose importante, ils avaient honte parce que des gens qui n’avaient jamais goûté le fruit se moquaient d’eux pour l’avoir mangé, persuadés que c’était stupide de manger le fruit de l’amour de Dieu. 

Pourquoi auraient-ils pensé cela ? Et, en quoi cela les dérangerait-il que d’autres personnes mangent de ce fruit et qu’elles en obtiennent la récompense ?

Une réponse possible à cette question se trouve dans l’explication de l’ange sur la nature du grand et spacieux bâtiment. Comme je l’ai dit, le bâtiment représente « le monde et sa sagesse » et « les vaines imaginations et l’orgueil des enfants des hommes ». L’arbre, qui représente l’amour de Dieu, et son fruit qui rend heureux, sont une alternative à l’orgueil, à la vanité et à la sagesse du monde. Ceux qui choisissent de rester à l’extérieur du bâtiment et de manger le fruit, choisissent l’Évangile au lieu de l’orgueil et de la vanité du monde. L’Évangile, qui est centré sur l’expiation du Christ, est le fruit de l’amour de notre Père céleste pour nous.

C’est une chose de rejeter l’orgueil et la vanité ; même dans le monde, beaucoup sont d’accord pour dire que l’orgueil et la vanité sont problématiques. Mais pourquoi les gens qui mangent du fruit de l’arbre rejetteraient-ils la sagesse du monde ? (Je pense qu’il est bon de remarquer en passant qu’il n’y a rien dans les Écritures qui indique que l’édifice représente la connaissance du monde, mais seulement sa sagesse).

La nature bipartite de la réalité

Pour répondre à cette question, nous devons prendre du recul (un recul très important) et voir les choses dans leur ensemble. L’un des fondements de l’Évangile rétabli est le fait que, malgré toutes les apparences contraires, ce monde, c’est-à-dire ce que nous pouvons percevoir et mesurer de notre univers physique, n’est pas tout ce qui existe. Il ne représente même pas la majorité de ce qui existe. Il s’avère que l’éternité n’est pas seulement un mot qui désigne une période de temps infinie et impersonnelle. Il fait référence à un monde, à un ordre de choses, qui existe au-delà d’un voile réel mais fragile. Un Dieu personnel, qui est littéralement notre Père céleste, le traverse régulièrement pour nous révéler sa volonté en tant qu’individus, ainsi qu’aux prophètes et aux autres véritables messagers chargés d’administrer son Église et d’édifier son royaume sur la terre. 

Il le fait principalement par l’intermédiaire du Saint-Esprit, un membre de la Divinité qui, contrairement à Dieu le Père et à Jésus-Christ, n’a pas de corps physique mais est un personnage d’esprit. Cela permet au Saint-Esprit d’agir sur nos cœurs et nos esprits, parfois en nous donnant des directives et des propositions (en nous révélant la vérité et en nous incitant à une action spécifique) et parfois en nous apportant le réconfort, la paix et la confirmation de vérités temporelles et, surtout, éternelles.

Cette structure bipartite de la réalité temporelle et éternelle est en opposition directe avec la sagesse du monde, qui nie l’existence de l’éternité et soutient qu’il n’y a rien au-delà du physique et du naturel. Le fait d’affirmer l’existence d’un ordre des choses éternelles est un acte d’hérésie contre l’orthodoxie de la sagesse du monde.

Bien sûr, les religions chrétiennes affirment généralement l’existence d’un ordre de choses spirituelles. Ainsi, en 1820, lorsque le jeune Joseph Smith sortit des bois près de chez lui après avoir reçu la visite, la parole et les instructions de Dieu le Père et de Jésus-Christ, il pouvait raisonnablement s’attendre au soutien des religieux qui partageaient sa conviction de la réalité des choses éternelles, conviction désormais considérablement renforcée par l’expérience directe. Malheureusement, en partageant son expérience, il a commis une autre sorte d’hérésie, contre l’orthodoxie sectaire courante qui soutient que si l’ordre spirituel existe, le voile qui le sépare de l’ordre naturel n’est ni fragile ni perméable, mais plutôt solide et infranchissable, et que la prophétie a pris fin et que Dieu ne parle plus à l’humanité.

En d’autres termes, pour les laïcs comme pour les sectaires, le délit doctrinal de Joseph Smith était de prétendre, comme l’a dit un commentateur contemporain, « à la communion avec les anges et avec la Divinité elle-même » et « à des visions à l’époque des chemins de fer12 ». Les laïcs étaient consternés que Joseph Smith ait dit que Dieu existait ; les sectaires étaient choqués qu’il ait dit que Dieu pouvait parler. Comme la nuit succède au jour, la persécution a suivi ces déclarations et, bien entendu, Joseph Smith a fini par payer le prix que le monde a si souvent exigé des prophètes.

Le message de la vision de Léhi pour nous

Revenons à la vision de Léhi : comment pouvons-nous appliquer ces Écritures à nous-mêmes13 ?

Beaucoup de choses ont changé au cours des deux cents ans qui se sont écoulés depuis l’entretien de Joseph Smith avec Dieu le Père et Jésus-Christ, et les saints des derniers jours sont, à bien des égards, beaucoup mieux acceptés et, dans certains domaines, même admirés. Mais les vérités du Rétablissement sont toujours « une pierre d’achoppement et un rocher de scandale14 » pour beaucoup de personnes dans le monde et peut-être même pour certains membres de l’Église. Le grand et spacieux édifice de la vision de Léhi est un symbole, mais la dynamique culturelle qu’il représente est bien réelle, et elle ne devrait pas nous surprendre. Devons-nous nous attendre à ce que ce soit facile d’être un disciple d’alliance ? Combien les disciples doivent-ils espérer être aimés du monde ? Dans quelle mesure devons-nous nous attendre à ce que la vérité révélée soit en accord avec les philosophies des hommes ?

Ces questions touchent à une tension fondamentale au cœur de la vie universitaire des étudiants et des chercheurs saints des derniers jours. Dans le monde universitaire, il sera toujours risqué de défendre publiquement et sans équivoque le Rétablissement. Nous risquons de paraître ridicules et d’être considérés comme étant en décalage par rapport aux meilleures idées du moment. Nous risquons de nous retrouver seuls et parfois, peut-être, complètement seuls. Défendre ces vérités dans le monde en général, mais surtout dans le contexte universitaire, c’est être contre-culturel. Pas dans le sens d’un punk-rock, cool et osé, mais dans le sens qui semble, aux yeux du monde, ringard, sérieux et naïf. Le désir d’être branché est et a toujours été l’une des caractéristiques de la culture universitaire, et c’est une force puissante qui peut, si nous ne sommes pas prudents et forts, nous faire progressivement sortir du chemin des alliances. Car malheureusement, il est de la nature et des dispositions de presque chacun d’entre nous de désirer de plus en plus les louanges du monde aussitôt que nous les obtenons, et d’être tenté de sacrifier des choses qui sont vraiment importantes afin de les conserver.

Pensez à Ésaü qui, affamé, est assis devant un potage de lentilles et se demande s’il devrait échanger son droit d’aînesse pour satisfaire sa faim très réelle15. Imaginez maintenant qu’il ait toujours faim et qu’il passe toute la journée devant ce potage de lentilles, qui le suit dans toutes les salles de classe, toutes les réunions, toutes les conférences et toutes les plateformes de réseaux sociaux. C’est notre situation. Nous sommes constamment tentés, de manière puissante et corrosive, de renoncer à notre droit de naissance d’alliance pour satisfaire notre appétit de l’approbation du monde, qui est délicieuse mais ne satisfait jamais vraiment.

Toutefois, contrairement à Ésaü, nous avons tendance à faire ce marché petit à petit. Tandis qu’Ésaü a cédé tout son droit d’aînesse dans un seul moment de faim, nous sommes généralement tentés de le faire plus graduellement, un petit choix à la fois. Peut-être que nous le faisons avec un clin d’œil ou en levant les yeux au ciel pour montrer à nos camarades sceptiques que, oui, nous sommes dans l’Église, mais que nous ne sommes pas tout à fait de l’Église. Nous le faisons lorsque quelqu’un se moque de la proclamation sur la famille16 et que nous baissons les yeux. Ou lorsque le prophète nous encourage à « éradiquer le racisme » dans l’Église17 et que nous murmurons, avec nos amis du même avis, que les dirigeants de l’Église deviennent trop « woke ». Ou quand quelqu’un demande : « Attends. Tu ne crois pas vraiment que le Livre de Mormon est un récit scripturaire ancien, si ? » et que nous murmurons quelque chose en équivoque sur les différentes définitions du mot « scripturaire » et que nous essayons rapidement de changer de sujet.

Permettez-moi de prendre un moment pour dire, entre parenthèses, que je sais ce que vous pensez. Vous vous dites : « Mais Rick, c’est facile pour toi de dire ça, tu es déjà un intello. Tu es un intello professionnel. Tu n’as rien à perdre d’un point de vue social en défendant l’Évangile ! »

Et, franchement, je dois vous le concéder : je suis un bibliothécaire d’âge mûr, je porte un nœud papillon et je joue du banjo ; je ne serai jamais cool. J’ai raté le coche il y a bien longtemps. Comme je ne me soucie pas d’être cool, j’ai peut-être moins à perdre que la plupart d’entre vous.

Mais même si je ne suis pas le bon messager, le message demeure vrai. Nous ne pouvons pas respecter nos alliances avec désinvolture, et la vie de disciple sympa, un brin ironique, n’a tout simplement aucun sens.

Vrais choix et faux choix

En ce qui concerne l’Évangile rétabli, le fossé entre ce qui est vrai et ce que la société et les universités acceptent de croire est tout simplement trop grand pour garder un pied de chaque côté. Quelle que soit notre gymnastique mentale et sociale, la réalité est implacable et finalement il nous sera impossible d’éviter un choix binaire entre des propositions mutuellement exclusives, dont l’une est vraie mais socialement difficile et dont l’autre est fausse mais socialement facile : soit le Christ est physiquement ressuscité, soit il ne l’est pas ; le Livre de Mormon ne peut pas être à la fois le compte rendu des relations de Dieu avec un peuple réel et ancien et une invention du dix-neuvième siècle, même si elle a été fabriquée avec sincérité, par Joseph Smith ; Russell M. Nelson ne peut pas être à la fois un vrai prophète appelé par Dieu et simplement un homme que les membres de l’Église de Jésus-Christ vénèrent en tant que dirigeant moral et institutionnel.

Veuillez ne pas mal interpréter mes propos. Tous les choix de la vie ne sont pas binaires : vous pouvez aimer à la fois les chiens et les chats ; vous pouvez aimer à la fois la musique classique et la K-pop ; vous pouvez même, croyez-le ou non, avoir un mélange d’opinions sociales conservatrices, progressistes et modérées. La recherche ou l’enseignement, l’intellectuel ou le spirituel, être exigeant ou être fidèle, sont d’autres fausses dichotomies qui ne sont pas vraiment contradictoires. En fait, même la dichotomie entre le temporel et l’éternel est fausse ! Joseph Smith a compris mieux que quiconque que le fait de reconnaître les choses éternelles augmente et ennoblit les choses ordinaires et leur donne une signification sacrée en les mettant dans leur vrai contexte.

Pour les étudiants et les érudits, reconnaître et accepter le divin apporte un sens nouveau et plus profond à chaque sonnet et à chaque sutra, à chaque preuve et à chaque théorème, à chaque structure chimique, à chaque enquête philosophique ou sociale, à chaque langue et à chaque forme d’art. Notre témoignage de l’éternité nous conduit à nous engager plus profondément, plus pleinement et plus efficacement dans l’éducation temporelle et la société humaine. Mais contracter et respecter des alliances sacrées avec Dieu nécessite de reconnaître certaines propositions comme vraies et d’en rejeter d’autres comme fausses. Et cela implique de prendre et de respecter des engagements tout en en rejetant d’autres.

Dans ce contexte, être fidèle au Rétablissement et à nos engagements contractuels freine, entre autres, notre vanité intellectuelle, car témoigner de la vérité rétablie dans un contexte professionnel et universitaire nous exclut du courant intellectuel dominant, c’est-à-dire de la religion séculière de l’académie. En d’autres termes, si vous voulez surmonter votre vanité intellectuelle, il n’y a pas grand-chose qui puisse vous aider aussi bien que d’annoncer devant vos pairs : « Oui, je crois que l’on peut ‘recevoir des livres des anges, et les traduire par des miracles18. »

Si nos premiers principes (ceux qui sont les plus importants pour nous et qui influencent le plus profondément notre façon de penser, et de voir la réalité et la place que nous y occupons) si nos vrais premiers principes sont les philosophies des hommes, alors, naturellement, nous nous sentirons plus à l’aise avec les aspects de notre religion qui s’accordent le plus avec ces philosophies. Et il y a des aspects importants de l’Évangile rétabli qui sont acceptés par le monde : le service envers autrui, le soin des pauvres, l’éducation. Aucune de ces priorités importantes de l’Évangile ne nous attirera des ennuis avec le monde. Personne ne nous en veut d’aller à l’université et d’être gentils les uns avec les autres.

C’est lorsque nos premiers principes sont des principes éternels que la société nous pose des problèmes. En plus, et non à la place, d’enseigner que nous devons nous servir les uns les autres, prendre soin des pauvres et faire des études, nous témoignons que Dieu est une personne réelle, qu’il a un corps physique et qu’il est notre véritable Père, que Jésus était et est encore le Christ ressuscité, qu’il parle aux prophètes vivants de nos jours et que la vie éternelle exige d’entrer dans une relation d’alliance avec Dieu. Plus dangereux encore, nous témoignons non seulement que Dieu existe, mais que le voile qui nous sépare de lui est perméable et qu’il peut interagir et qu’il interagit avec nous. Ces vérités remettent en question la prétention furieuse et jalouse du monde à être la seule chose importante. Ainsi, lorsque nous défendons ces vérités, nous devons nous attendre à des réactions négatives. Nous devons être prêts, si nécessaire, à être seuls.

« Devenir BYU »

Dans son discours magistral intitulé : « Le deuxième siècle de l’université Brigham Young », le président Spencer W. Kimball a fait une observation profondément vraie : dans notre enseignement centré sur l’Évangile, « la méthodologie, les concepts et les idées de l’Évangile peuvent nous aider à faire ce que le monde ne peut pas faire dans son propre cadre de référence19 ». Ici, à BYU, nous sommes actuellement engagés dans des conversations pour comprendre ce que la « méthodologie évangélique » peut et doit signifier dans les différents contextes de notre travail en tant qu’étudiants, professeurs et membres du personnel. J’espère que nous réfléchirons également aux implications des concepts et des idées de l’Évangile pour notre travail et nos vies en tant que disciples érudits. Dans ce contexte, ce terme caractérise toutes les personnes dans cette salle, quel que soit leur rôle sur le campus. Nous sommes tous engagés dans l’œuvre d’une université dont la mission « est d’assister les individus à atteindre la perfection et la vie éternelle20 ». 

Le président Reese a intitulé son discours d’investiture « Devenir BYU » et a décrit cette mission comme le principal défi de son administration : « devenir l’université Brigham Young duquel il a été prophétisé21 » , ou ce que le président Kimball a appelé « l’université ointe du Seigneur22 ». Ce genre de phraséologie sonnera faux aux oreilles de ceux qui partagent le cadre de référence du monde, mais il chantera pour ceux qui sont à l’écoute grâce à leurs engagements d’alliance et à leur consécration.

Il est également intéressant de noter que l’expression « devenir BYU » contient une mise en garde à la fois douce dans sa formation et claire et directe dans ses implications : nous ne pouvons pas devenir ce que nous sommes déjà. Si aujourd’hui nous devons « devenir BYU », cela signifie que nous ne sommes pas encore, en tout cas pas complètement, « l’université promise, centrée sur le Christ et dirigée par les prophètes23 ». Je pense que c’est en défendant publiquement et sans équivoque les vérités de l’Évangile rétabli et en nous aidant mutuellement dans notre quête de la perfection et de la vie éternelle que nous deviendrons cette université.

Mon témoignage

Maintenant, comme nous arrivons à la fin de notre temps ensemble, permettez-moi de faire une déclaration de témoignage très importante, qui porte directement sur ces vérités les plus fondamentales. Je vous témoigne à tous et à chacun que Dieu le Père vit et qu’il est le Père de chacun de nous au sens le plus littéral et le plus significatif du terme. Je témoigne que Jésus-Christ était et est le Fils unique de Dieu dans la chair et que non seulement il a vécu et exercé son ministère sur terre, où il a enseigné son Évangile du salut et de la rédemption, mais qu’il a également accompli une expiation infinie en notre faveur : premièrement, à Gethsémané et sur la croix, en prenant sur lui le prix de tous nos péchés et transgressions, nous donnant ainsi la possibilité, si nous l’acceptons, d’être délivrés et purifiés de notre culpabilité par le repentir, le baptême et la fidélité aux alliances sacrées avec Dieu. Je témoigne également que trois jours après sa mort sur la croix, il est ressuscité et est devenu « les prémices de ceux qui sont morts24 » et que, ce faisant, il a surmonté toutes nos blessures, maladies, traumatismes, chagrins et pertes, ce qui garantit que chacun d’entre nous sera également ressuscité, avec des corps parfaits et glorifiés unis à nos esprits de manière permanente et irrévocable. Je ne prétends pas du tout comprendre le processus qui lui a permis de faire ces choses, mais pour reprendre les mots de Pierre, j’ai « cru et [j’ai] su qu[‘il est] le Christ, le Saint de Dieu25 » et que son sacrifice expiatoire en notre faveur a été et continue d’être réel et éternellement efficace.

Je témoigne aussi que l’Église est vraie et je veux être très clair sur ce que je veux dire par là : je crois et je sais que des messagers célestes réels, dont Dieu le Père et Jésus-Christ, sont vraiment apparus à Joseph Smith et que l’un de ces messagers l’a guidé vers un livre physique en plaques de métal ; que ce livre contenait les récits de personnes réelles qui ont vécu dans les Amériques avant et après le Christ ; et que Joseph a traduit ces récits par le don et le pouvoir de Dieu. Je témoigne du rétablissement de l’autorité de la prêtrise dans les derniers jours — une autorité qui, lorsqu’elle est exercée avec droiture, confère un véritable pouvoir transformateur de servir et de diriger. Je soutiens avec joie et sans réserve Joseph Smith en tant que premier prophète appelé par Dieu dans la dispensation de la plénitude des temps et Russell M. Nelson en tant que prophète, voyant et révélateur aujourd’hui.

Il est important de mentionner que je peux également témoigner du temple et des alliances que nous y contractons. Je ne peux pas expliquer totalement pourquoi je peux le faire, parce que le culte au temple est d’une profondeur et d’une richesse qui dépassent ma capacité à le comprendre pleinement. Mais la profondeur et la richesse du temple exercent une attraction gravitationnelle sur mon âme et mon intellect, attirant mon esprit vers ses enseignements et mon cœur vers les alliances que nous y contractons. Cette attraction constitue en soi un signe de la divinité du temple, non pas une preuve, mais un signe important.

Je suppose que je ne recevrai jamais de signes suffisants pour me libérer de la responsabilité du choix ou du fardeau de la foi. Soyons clairs : la foi est un fardeau autant qu’une joie. Il s’agit d’un engagement permanent qui exige que nous avancions dans la vie tout en gardant nos croyances à l’abri du doute et de l’opposition, et que nous tenions fermement la barre de fer qui représente la parole de Dieu pour traverser les brouillards de ténèbres et la confusion de ce monde. Elle exige aussi que nous ignorions ceux qui nous montrent du doigt et se moquent de nous, et qui, n’ayant jamais goûté eux-mêmes au fruit de l’arbre, nous prennent pour des insensés parce que nous l’avons mangé.

Permettez-moi de témoigner d’une dernière chose : l’Évangile rétabli de Jésus-Christ récompensera tous les efforts intellectuels que vous lui consacrerez. Si vous l’abordez intellectuellement, vous serez incapable d’en atteindre le fond ou d’en tracer les contours ; si vous vous approchez de ses limites, vous verrez qu’elles s’éloignent constamment devant vous, et vous serez ravi. Mais aussi gratifiant que soit l’engagement intellectuel dans l’Évangile, l’engagement expérientiel dans l’Évangile par la consécration et la fidélité apporte quelque chose d’encore mieux : des indications faibles mais claires de la vraie signification de l’éternité et de votre potentiel de progression, de développement et d’approfondissement éternels. Je suis heureux de pouvoir témoigner que l’engagement intellectuel ou l’engagement d’alliance est encore un autre faux dilemme ; en réalité, nous pouvons et nous devons être engagés des deux manières.

Dans ce contexte, je peux témoigner que le Livre de Mormon n’est pas seulement un document littéraire curieux et magnifique qui mérite une lecture attentive et critique (même si cela est le cas), et qu’il n’est pas seulement un recueil de doctrines vraies et salvatrices (même si cela est aussi le cas). Peut-être plus important encore, le Livre de Mormon est une preuve directe de la réalité de l’ordre éternel et du fait que la Déité peut franchir le voile qui sépare l’ordre éternel de l’ordre temporel, et qu’elle le fait. Les vraies plaques de métal sur lesquelles a été gravé le récit et qui ont été manipulées et attestées par de multiples témoins étaient et restent un embarras pour un monde orgueilleux et séculaire, dont la sagesse est trop limitée, trop fragile et trop superficielle pour accepter la réalité de l’éternité et de la prophétie. Je témoigne que si nous mettons notre esprit et notre cœur à l’étude et à l’application des vérités de l’éternité, des miracles se produiront pour nous et, par notre intermédiaire, pour les autres.

Si vous avez des difficultés, si vous êtes dans le désespoir ou la confusion, tournez-vous vers celui qui a promis de ne pas vous laisser orphelin26. Je vous invite également à vous tourner vers les nombreuses personnes qui vous entourent ici et qui sont prêtes à vous aider de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que notre mission à BYU n’est pas de vous vendre des connaissances. Découvrir, partager, synthétiser et créer des connaissances avec vous sont les principaux moyens de nous aider mutuellement dans notre quête commune de perfection et de vie éternelle.

L’Évangile est vrai. Le rétablissement est en cours. L’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est le royaume de Dieu sur la terre. Nous sommes tous ses enfants et notre exaltation est son œuvre et sa gloire27.

Je ne comprends qu’imparfaitement la profondeur de ce que cela signifie, toutefois, je rends ce témoignage au nom de Jésus-Christ. Amen.

  1. Voir Doctrine et Alliances 50:22 ; 88:122.
  2. Voir 1 Néphi 8.
  3. 1 Néphi 11:35.
  4. 1 Néphi 11:36.
  5. 1 Néphi 12:18.
  6. 1 Néphi 11:22.
  7. 1 Néphi 8:10.
  8. 1 Néphi 8:11.
  9. 1 Néphi 8:12.
  10. 1 Néphi 8:27.
  11. 1 Néphi 8:28.
  12. James Hannay et William Henry Wills, « In the Name of the Prophet—Smith! » Household Words: A Weekly Journal 3, no. 69, ed. Charles Dickens (19 juillet1851) : p. 385.
  13. Voir 1 Néphi 19:23.
  14. 1 Pierre 2:8.
  15. Voir Genèse 25:29-34.
  16. Voir « La famille, déclaration au monde » (23 septembre 1995).
  17. Dallin H. Oaks, « Aimez vos ennemis », Le Liahona, novembre 2020 ; voir aussi Dallin H. Oaks, « Racism and Other Challenges », discours prononcé lors d’une réunion spirituelle à BYU, 27 octobre 2020 ; Russell M. Nelson, « Laissez Dieu prévaloir », Le Liahona, novembre 2020.
  18. Sterling M. McMurrin, dans Blake T. Ostler, « 7EP Interviews: Sterling M. McMurrin », Seventh East Press: An Independent Student Newspaper, 11 janvier 1983, p. 6 ; voir aussi Ostler, « An Interview with Sterling M. McMurrin », Dialogue: A Journal of Mormon Thought 17, n° 1 (printemps 1984) : p. 25.
  19. Spencer W. Kimball, « The Second Century of Brigham Young University », discours prononcé lors d’une réunion spirituelle à BYU, 10 octobre 1975.
  20. The Mission of Brigham Young University (4 novembre 1981).
  21. C. Shane Reese, « Becoming BYU: An Inaugural Response », discours prononcé lors de son investiture en tant que président de l’université le 19 septembre 2023.
  22. Kimball, « Second Century ».
  23. C. Shane Reese, « Perspective: Becoming BYU », Opinion, Deseret News, 11 décembre 2023, deseret.com/opinion/2023/12/11/23997519/c-shane-reese-what-byu-must-become.
  24. 1 Corinthiens 15:20.
  25. Jean 6:69.
  26. Voir Jean 14:18.
  27. Voir Moïse 1:39.
Rick Anderson

Rick Anderson, bibliothécaire universitaire de BYU, a prononcé ce discours le 2 avril 2024.