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Réunion spirituelle

Pourquoi gravir les montagnes ?

Directeur général de BYU Broadcasting

1 octobre 2019

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Quand vous regardez Y Mountain, n’oubliez pas de vous poser la question « Pourquoi gravir les montagnes ? » Ma prière est que vous vous souveniez qu’ils ne sont pas là pour nous égarer, mais pour nous bénir.


Nous sommes toujours prêts à améliorer nos traductions. Si vous avez des suggestions, écrivez-nous à speeches.fra@byu.edu.

Bonjour, chers étudiants, professeurs et collègues de BYU. Je salue également tous ceux qui nous suivent à la télévision et à la radio par BYUtv et BYUradio. De la part de toute l’équipe derrière les caméras et les micros de BYU Broadcasting, permettez-moi d’abord de vous dire à quel point nous sommes heureux de vous offrir ces réunions spirituelles inspirantes chaque semaine. Et permettez-moi d’ajouter avec la même certitude – de la part d’un membre de notre personnel légitimement nerveux aujourd’hui – qu’il est beaucoup plus agréable d’être derrière ces caméras et ces microphones que devant.

Je sais que vous êtes venus ici en cette belle journée d’octobre en vous attendant à une réunion spirituelle. À la place, je veux vous inviter à faire une randonnée avec moi. Enfin, c’est plutôt une escalade. Et si c’est le vertige qui vous gêne, ne vous inquiétez pas. En tant qu’acrophobe confirmé, je vous promets que nous serons prudents. Sachez que je partage tout à fait l’avis de Mark Twain, qui a dit en plaisantant :

Il n’y a probablement pas de plaisir égal à celui d’escalader une montagne dangereuse des Alpes ; mais c’est un plaisir qui est strictement réservé à ceux qui y trouvent déjà du plaisir1.

Eh bien, malgré mes craintes, mon objectif aujourd’hui est de vous convaincre que, même si le chemin à parcourir semble rocailleux ou si le sommet semble lointain, votre effort en vaut la peine. Je veux simplement vous encourager à poursuivre votre voyage, car je vous promets que, où que vous soyez sur le chemin, la vue qui vous attend est, comme l’a dit Joseph Smith, « glorieuse au-delà de toute description » (JS-H 1:32).

Une leçon tirée de Y Mountain

Puisque l’on parle de vues incroyables, vers l’est, dans les contreforts des Wasatch Mountains, se dresse une montagne impressionnante connue sous le nom de Y Mountain. On l’appelle Y Mountain en raison du Y majuscule, haut de 115 m et large de 40 m, qui annonce au monde entier que le campus de l’université Brigham Young est situé au pied de la montagne.

Mais elle n’a pas toujours été appelée Y mountain. À l’origine, Y mountain était appelée par son nom indien Ute Wahdahhekawee, un mot de 14 lettres qui veut dire Blessed Mountain (montagne bénie) en anglais.

Je me dis que c’est une bonne chose qu’ils aient choisi de ne construire qu’une seule lettre sur Y Mountain. Il avait étéenvisagé de peindre plusieurs lettres sur la montagne. En avril 1906, le concept était de peindre la lettre B, la lettre Y et la lettre U sur la montagne. Mais après qu’une longue file d’étudiants ait travaillé ardemment pendant six heures en faisant passer des seaux de peinture blanche en haut de la montagne, ils n’ont pu peindre que le Y. Après un sage réexamen, il a été décidé qu’une seule lettre serait adéquate2.

Eh bien, avec votre permission aujourd’hui, mais sans celle du président Worthen ou du service des forêts nationales, j’ai décidé non seulement de transformer la lettre unique de Y Mountain, mais aussi de changer son nom, car je crois qu’il y a une bonne raison de la remplacer par un message similaire, mais un peu plus rhétorique et plus profond : « Pourquoi gravir les montagnes ? » [Une image photoshoppée de Y Mountain avec « Pourquoi gravir les montagnes ? » en lettres majuscules à la place du Y a été affichée.]

Bien qu’il ait fallu des centaines de milliers de pixels blancs pour réaliser cet acte audacieux, j’ai pris cette liberté dans l’espoir qu’à chaque fois que vous ferez une randonnée ou que vous lèverez les yeux sur Y Mountain, ou la prochaine fois que vous serez confronté à un obstacle montagneux, vous réfléchirez simplement à cette sainte question : « Pourquoi gravir les montagnes ? ».

Pourquoi rencontrons-nous des montagnes ? Et pourquoi sommes-nous si désireux de les gravir ? Est-ce simplement « parce [qu’elles] sont là », comme le suggère la citation succincte de l’alpiniste George Leigh Mallory3 ? Ou bien ces pinacles ont-ils des objectifs plus grands, plus élevés, et même divins ?

En tant qu’êtres éternellement en progrès, il a toujours été vrai que nous voulons naturellement relever des défis. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous ne nous contentons pas d’admirer les montagnes, mais nous nous sentons obligés de les gravir. C’est un fondement essentiel du plan du bonheur de Dieu. Vous et moi sommes donc divinement destinés à être actifs et non statiques. Le fait d’être en action est une condition nécessaire à la progression. C’est pourquoi nous aspirons instinctivement aux sommets sacrés, comme le temple, la conférence générale ou le sommet des sommets, le paradis. Ainsi, même les parcours les plus difficiles et les plus ardus (comme celui de la vie, par exemple) vont forcémentdévelopper à la fois notre progrès personnel, et un sous-produit inestimable de ces efforts : la foi.

Inversement, un parcours limité aux chemins plats ou tranquilles entrave notre progression et peut même favoriser la paresse. Réfléchissez à la forte mise en garde d’Alma contre la désinvolture suscitée par les chemins plats lorsqu’il dit : « Ô mon fils, ne soyons pas paresseux à cause de la facilité du chemin » (Alma 37:46).

Donc, considérez les montages, et le défi qu’elles représentent, comme étant bonnes pour nos âmes. Apprendre à faire face aux choses que nous percevons comme difficiles et à les surmonter nous rend meilleurs et plus forts. Cela comprend de nombreux sommets de la vie, tels que recevoir son diplôme, partir en mission et, oui, des relations naissantes qui tentent de s’épanouir pour devenir des relations éternelles. Il est facile de considérer cette myriade d’étapes essentielles de la vie comme un chemin difficile à parcourir. Mais la vérité est que tous les chemins difficiles finissent par rejoindre les chemins célestes.

Faire face aux défis de la vie

Alors pourquoi escalader des montagnes ? Eh bien, les montagnes, comme celles que nous traversons dans cette grande aventure qu’on appelle la vie, nous tentent, nous terrifient, et nous mettent à l’épreuve. Les montagnes nous poussent, nous fatiguent, et peuvent même parfois nous faire abandonner, exaspérés. En même temps, elles émeuvent nos âmes, nous inspirent et ont une capacité transformatrice qui renouvelle notre espérance, renforce nos résolutions et fait grandir notre foi, petit à petit. Cela demande une capacité inédite à se dépasser, car ce n’est qu’en testant nos limites que nous découvrons à quel point nous sommes illimités. Ce n’est qu’à ce moment-là, lorsque nous nous dépassons, que nous découvrons en nous-mêmes le courage, la force d’âme et la foi nécessaires pour poursuivre notre chemin. Comme l’a dit l’alpiniste australien Greg Child : « Quelque part entre le départ de la montée et le sommet, on comprend pourquoi nous faisons de l’escalade4. »

Comme si la montée n’était pas assez difficile, l’un des défis communs à toute randonnée en haute altitude est qu’il y a toujours un obstacle gênant qui se dresse sur notre chemin. Souvent, cela se produit à des moments inopportuns et inattendus. Et quelle que soit leur taille, ou leur forme, les obstacles imprévus peuvent décourager, détourner, et même faire dérailler la personne la plus forte et la plus résolue.

C’est à ce moment-là que certains se demandent, à juste titre, si cela en vaut vraiment la peine ou s’il n’y a pas moyen de faire autrement. Ce à quoi je réponds sans équivoque : « Oui, cela en vaut la peine. Cela en vaut vraiment la peine. Et oui, vous vous en sortirez, si vous le décidez. » Pour continuer, il suffit d’abord d’accepter et d’embrasser la réalité doctrinale qui veut que les obstacles soient une caractéristique essentielle et acceptable du plan de salut et du chemin du bonheur, et que le chemin des alliances n’est pas seulement ardu, mais qu’il est aussi jonché, d’un bout à l’autre, d’obstacles et d’embûches pénibles.

Le président Dallin H. Oaks affirme que le fait de résoudre les problèmes est une partie essentielle du plan :

Nous sommes tous confrontés à des obstacles. Nous avons tous des défis à relever. Nous suivons tous des chemins qui nous mènent vers des sommets que nous pensons ne pas pouvoir atteindre. Tôt ou tard, nous nous trouvons tous au pied de falaises que nous pensons ne pas pouvoir escalader5.

Notez que le président Oaks a parlé de « falaises que nous pensons ne pas pouvoir escalader ». Souvent, ce que nous pensons pouvoir faire ou ne pas faire est très différent de la réalité de ce que nous pouvons faire ou ne pas faire. Je crois que nous sommes plus limités par nos désirs que par nos capacités. L’expression « se faire une montagne d’une petite taupinière » décrit parfaitement le phénomène qui se produit lorsque quelqu’un comme moi fait tout un plat d’un obstacle qui, en réalité, est plutôt petit.

Certes, il existe des problèmes physiques, émotionnels et spirituels auxquels beaucoup de personnes sont malheureusement confrontées, qui sont réels, sombres, récurrents et très graves. Je ne veux pas du tout ignorer ou être indifférent à la myriade de problèmes très délicats auxquels beaucoup, y compris certains d’entre vous ici présents, sont confrontés au quotidien. Mais ce que j’ai découvert en examinant mes difficultés personnelles, c’est qu’en réalité, la plupart de ces problèmes sont plutôt des « petites taupinières » que des monts Everest.

Frère Horacio A. Tenorio, un soixante-dix Autorité générale, a partagé une perspective intéressante sur les obstacles et a parlé des forces remarquables qui se manifestent lorsque nous trouvons la force de surmonter ces obstacles. Il explique :

Les problèmes constituent une partie importante de notre vie. Ils se trouvent sur notre route pour que nous puissions les vaincre, et non pour que nous soyons vaincus par eux. Nous devons nous en rendre maîtres et ne pas les laisser se rendre maîtres de nous. Chaque fois que nous vainquons une difficulté, nous progressons en expérience, en assurance et en foi6.

Atteindre le sommet de mon mont Everest

Un été, il y a près de vingt-cinq ans, j’ai appris cette leçon personnellement. Je suis très timide, mais ma femme Linda, une aventurière, a réussi à me persuader, ainsi qu’un petit groupe d’amis, de la rejoindre pour faire quelque chose qu’elle rêvait de faire depuis qu’elle était une petite fille. Elle rêvait de gravir une montagne de 4 200 mètres dans le Wyoming, le Grand Teton. Et même si c’était son plus grand rêve, c’était plutôt mon plus grand cauchemar ! L’humoriste George Carlin résume parfaitement mon sentiment : « Je n’ai pas peur des hauteurs, par contre j’ai peur de tomber des hauteurs7. »

Il est vrai que la chaîne de montagnes Teton, aussi accidentée et intimidante qu’elle puisse paraître, est vraiment l’un des panoramas montagneux les plus étonnants au monde, digne d’une carte postale, surtout vu du fond de la vallée, où on est en toute sécurité !

Mais ce n’était pas ces montagnes et leurs sommets impressionnants qui me terrifiaient. C’était plutôt le moment, dont je me souviendrai toujours, où, dans notre école d’alpinisme, j’ai appris pour la première fois l’existence d’un obstacle légendaire que nous allions devoir surmonter sur la route du sommet du Grand Teton. En vérité, il s’agissait d’une simple saillie rocheuse très technique, mais dès le moment où on me l’a décrite, j’ai commencé à m’inquiéter.

Brad Wieners, a écrit un article pour Sports Illustrated sur l’ascension du Grand Teton. D’ailleurs, le titre de son article « Countdown to Tragedy » (« Compte à rebours vers la tragédie ») n’a pas vraiment calmé mon anxiété. Wieners décrit les obstacles principaux de cette montagne emblématique :

Ce n’est pas le fait de manœuvrer sur le rocher qui constitue le vrai défi du chemin du Grand Teton, « c’est l’exposition », c’est-à-dire l’exposition à des hauteurs vertigineuses.

[…] Tant qu’on est en forme, on peut supporter l’effort physique pour atteindre le sommet de la montagne, mais il faut faire preuve de courage pour surmonter des obstacles tels que […] un gros rocher sur une corniche qui vous oblige soit à passer par-dessus le rocher, soit à le contourner et à passer par-dessus un profond abîme. C’est terrifiant ou euphorique, ou les deux8.

Moi, je ne me posais pas de question, c’était terrifiant ! N’est-il pas ironique que, dans une ascension qui allait durer deux jours sur des milliers de mètres verticaux, ce n’était qu’une petite section au milieu de l’ascension qui me faisait le plus peur ?

Cette section, officiellement appelée « Wall Street Step Across », ne mesure pas plus d’un mètre de large. Elle fait partie de la légendaire section Wall Street du chemin Exum, et marque l’endroit où l’ascension du Grand devient vraiment difficile. On commence en montant sur une corniche de quatre mètres et demi de large, très confortable. Mais à mesure que vous avancez sur cette rampe, souvent la nuit, elle commence à s’éloigner de la montagne, de manière lente mais intimidante, tout en se rétrécissant jusqu’à ne plus mesurer qu’un mètre de large à l’extrémité de la corniche.

La corniche donne sur un abîme, comme celui décrit dans l’article de Sports Illustrated. Un mètre plus loin, de l’autre côté de l’abîme, se trouve un affleurement rocheux qui forme un angle mort. Cela oblige le grimpeur à passer son pied en aveugle autour du rocher, où il trouvera, avec un peu de chance, un point d’appui de l’autre côté de la corniche. En effet, on ne voit pas où l’on met les pieds. Et si un pas en aveugle ne suffit pas à vous effrayer, n’oubliez pas qu’en franchissant ce fossé, vous n’avez rien d’autre sous les pieds que 450 mètres d’air froid de la montagne.

La veille, pendant toute la longue randonnée pour atteindre le camp de base, j’ai réfléchi à ce petit obstacle que j’allais rencontrer. Ce soir-là, j’ai eu du mal à manger. Et le fait d’être obsédé par cette petite section m’a empêché de dormir toute la nuit qui a précédé la tentative pour atteindre le sommet.

Avec le recul, je comprends que je n’étais pas incapable de traverser l’abîme ; la manœuvre était très simple. Pour moi, et pour chacun d’entre vous, une telle manœuvre, dans n’importe quelle autre situation, n’aurait pas posé de problème. En y réfléchissant plus tard, je me suis rendu compte que le problème n’était pas que je ne pouvais pas le faire, mais que je n’avais pas le courage de vaincre cette peur.

C’est là l’aspect intéressant de la peur : la peur peut nous paralyser. Elle peut nous bloquer la route et nous empêcher d’aller de l’avant. Son emprise étouffe notre jeune foi, et sans cette foi, nous ne pouvons pas avancer.

Boyd K. Packer a affirmé que la foi est le phare et le propulseur qui nous maintient sur notre chemin :

La foi, pour être la foi, doit s’appuyer sur quelque chose qui n’est pas connu. La foi, pour être la foi, doit aller au-delà des choses pour lesquelles il y a des preuves évidentes. La foi, pour être la foi, doit pénétrer dans l’inconnu. La foi, pour être la foi, doit avancer jusqu’à l’extrémité de la lumière puis faire quelques pas dans l’obscurité9.

En tant qu’étudiant, vous éprouvez peut-être cette peur étouffante face à ce que frère Robert D. Hales, apôtre qui vient de décéder, a appelé la « décennie de décisions ». En résumant la route qui s’offre à vous, frère Hales a fait remarquer qu’au cours des dix prochaines années environ, vous devrez avancer jusqu’à l’extrémité de la lumière et même faire quelques pas encore plus loin alors vous prendrez les décisions majeures de votre vie. Ces décisions concernent l’école, la mission, le temple, les sorties en couple, le mariage, la carrière, les études supérieures et, surtout, le fait de former et fortifier votre témoignage de l’Évangile rétabli de Jésus-Christ10. Considérés dans leur ensemble, l’ampleur et le nombre de ces obstacles apparents peuvent sembler être une avalanche qui fonce sur vous. Peut-être qu’ils vous font perdre de vue momentanément le sommet qui se trouve derrière eux. Le fait de les affronter tous en même temps peut être accablant et parfois même débilitant. Ou bien les décisions peuvent être prises une par une, en faisant preuve de foi, de courage et en faisant simplement le premier pas, puis un autre, puis un autre, jusqu’à ce que nous nous retrouvions à nouveau en route vers le sommet.

Aussi difficiles que puissent être ces premiers pas, je vous dirai que rien n’est plus euphorique que de continuer à aller de l’avant. Le fait de continuer à aller de l’avant est si libérateur qu’il neutralise nos peurs, car il nous pousse à puiser au plus profond de nous-mêmes pour trouver le courage de vaincre tout ce que nous affrontons. Ce courage est le catalyseur de la foi et, comme vous le savez, elle ne peut s’associer à la peur. Mais cela exigera de vous un effort complet.

Le président M. Russell Ballard parlait du prix à payer lorsqu’il a déclaré :

Nous aurons besoin de toute notre force, notre sagesse, et notre énergie pour surmonter les obstacles. Mais tout cela ne suffira pas. Nous apprendrons, comme l’ont fait nos ancêtres, les pionniers, que seule la foi, la vraie foi, celle qui requiert toute notre âme et qui a été mise à l’épreuve, peut nous apporter la protection et la confiance tandis que nous traversons les embûches de la vie11.

Croyez-le ou non, j’ai trouvé cette foi en ce matin d’été, il y a près d’un quart de siècle. Comme vous réfléchissez à comment aborder la prochaine étape critique qui s’annonce dans votre vie, permettez-moi de vous dire comment j’ai fait.

Notre guide chevronné, Jack, était le premier à franchir le pas. Et tout comme il l’avait fait pendant nos cours d’alpinisme de niveau débutant et intermédiaire, Jack a promis qu’il nous guiderait et nous montrerait le chemin. Au camp de base, il m’a assuré qu’il avait pleinement confiance en mes capacités et qu’il ne me laisserait pas échouer. Eh bien, pendant que j’étais assis là, accroupi et frissonnant contre le rebord du rocher, je m’émerveillais de le voir traverser l’abîme avec habileté et confiance et franchir l’affleurement rocheux.

Comme je n’ai pas entendu de cri se répercuter sur les rochers, j’étais presque sûr qu’il était arrivé à bon port. C’est alors que je me suis rendu compte que, vu que j’étais le grimpeur le plus faible de notre groupe, je serais le prochain à le suivre. Juste après avoir terminé ma 687e prière ce matin-là, je me suis retrouvé à un point crucial de mon ascension. J’ai entendu l’invitation effrayante de notre guide, qui se trouvait de l’autre côté de l’affleurement rocheux : « Grimpe, Michael. »

C’était l’heure de vérité. Il était trop tard pour faire demi-tour et il n’y avait pas d’autre moyen raisonnable de descendre, bien que j’aie exploré toutes les options, du parachute à l’hélicoptère et au deltaplane ! À ce moment-là, et après avoir respiré profondément et calmement, j’ai trouvé assez de courage pour prendre une décision très simple. Voici ce que j’ai décidé : au lieu de ruminer sans cesse les catastrophes qui pourraient m’arriver, je me concentrerais plutôt sur les principes de base et sur l’exemple de mon guide. Je m’appuierai sur tous les principes fondamentaux qui m’ont été enseignés à l’école d’alpinisme. En d’autres termes, je ne me préoccuperais que des choses que je pouvais contrôler.

Au même moment, j’ai visualisé mon objectif ultime. Je me suis vu, les mains levées en signe de triomphe, fouler fièrement le sommet du Grand Teton. Les scénarios catastrophes que j’avais imaginés et répétés dans ma tête au cours des jours précédents se sont rapidement effacés. Un sentiment inattendu de chaleur et de réconfort m’a envahi. C’était le sentiment de la foi, une foi suffisante pour chasser la peur et me donner le courage dont j’avais besoin.

Cette infusion de foi m’a également permis de me concentrer. Même si mes jambes tremblaient, ma foi était inébranlable. Je me suis approché du bord, j’ai fixé mon attention comme un laser sur le rocher qui se trouvait de l’autre côté de la brèche, et je me suis senti aussi engagé et sûr de moi que je ne l’avais jamais été. Je n’ai pas regardé en arrière et je n’ai certainement pas regardé l’abîme. Cependant, j’ai fait tout ce qu’on m’avait appris et tout ce dont j’étais capable, et j’ai fait le pas.

Jamais je n’ai éprouvé un sentiment aussi magnifique dans tout mon être, corps et âme, que lorsque mon chausson d’escalade a trouvé prise sur ce rocher solide et béni, de l’autre côté de l’affleurement. Avec un point d’appui sûr, j’ai déplacé mon poids et je me suis tiré avec confiance pour traverser et atteindre ce prochain niveau. Au vu du cri de joie triomphant (ou plutôt primitif) que j’ai poussé, on aurait pu croire que je venais de gravir l’Everest, ce qui, pour moi, dans ce minuscule moment victorieux, était bel et bien le cas ! J’avais franchi un cap. Plein de confiance, j’ai crié des encouragements à ceux qui venaient après moi, au grand dam, j’en suis sûr, des grimpeurs plus courageux et plus habiles qui me suivaient. Débordant de joie, de soulagement et d’euphorie, j’ai à nouveau adressé une courte mais très sincère prière de remerciement aux cieux, puis j’ai levé les bras en signe de célébration.

Mais soudain, j’ai ressenti quelque chose d’autre, quelque chose de physique cette fois. Ce n’est que lorsque j’ai fait ce mouvement ascendant avec mes bras que j’ai réalisé qu’il y avait un autre élément à la réussite de ma traversée de Wall Street Step Across. Au moment où j’ai levé les bras, j’ai senti la traction de la corde, solidement attachée par un nœud en huit passé dans le mousqueton de mon harnais d’escalade. J’ai regardé Jack, qui m’a lancé un sourire, l’air de dire « je t’ai dit que tu pouvais réussir ». En le regardant se préparer à assurer le grimpeur suivant de notre groupe, je me suis rendu compte que son assurage m’avait maintenu en sécurité pendant toute l’ascension. En fait, je suis sûr qu’il me tenait suffisamment fermement pour que je puisse plonger tête la première dans le vide de Wall Street sans même avoir une seule égratignure ! Mais il m’avait donné juste assez de mou dans la corde pour que je puisse le faire tout seul. Et même si, dans mon inquiétude, j’avais complètement oublié cette protection et que je ne pouvais ni la voir ni même la sentir, il était littéralement prêt à me sauver de la « chute ».

Le Seigneur vous promet des protections similaires qui sont encore plus sûres que même la corde d’escalade la plus solide. Notre Sauveur et Guide chevronné a promis :

Et là où quiconque vous reçoit je serai aussi, car j’irai devant votre face, je serai à votre droite et à votre gauche, et mon Esprit sera dans votre cœur, et mes anges seront tout autour de vous pour vous soutenir. [D&A 84:88]

Trouver la foi et le courage pour déplacer des montagnes

Ce simple test m’a donné le courage de relever d’autres défis, y compris, croyez-le ou non, un retour à Wall Street. J’étais réticent, mais avec les encouragements de Linda et ma confiance retrouvée, nous avons fait de l’ascension du Grand Teton une tradition familiale, un rite de passage, pour fêter les remises de diplômes de chacun de nos enfants. (C’est une des occasions où j’étais reconnaissant de ne pas avoir plus de trois enfants). Et même si j’ai toujours la chair de poule quand je me trouve à ces hauteurs, je deviens plus courageux et plus audacieux à chaque fois que j’y retourne. Ma confiance en moi et en mon Dieu s’est développée de manière exponentielle. Le légendaire alpiniste Sir Edmund Hillary aurait expliqué cette idée autrement : « Ce n’est pas la montagne que nous conquérons, mais nous-mêmes12. »

Le Dr. Seuss, à sa manière infiniment sage et fantaisiste, a également attesté de vos capacités étonnantes lorsqu’il a écrit :

Et quand tu seras seul, il y a de fortes probabilités

Que tu rencontres de telles terreurs

Il y en a, sur la route d’ici et d’ailleurs,

Qui te feront si peur que tu ne voudras plus continuer.

[…]

Sois bien sûr à chaque étape,

Avance avec cœur et grand tact.

Et n’oublie jamais que la vie,

C’est un jeu d’équilibre, un défi.

[…]

Vas-tu réussir ? Oh oui, mon ami !

(98 et ¾ pour cent de garantie.)

Tu déplaceras des montagnes, tu verras, c’est promis.

[…]

C’est ton grand jour !

Ta montagne t’attend.

Alors… lance-toi, c’est ton tour13 !

Votre montagne vous attend et est prête à surmonter. En l’abordant, vous découvrirez une force intérieure en combinant le courage et la foi avec les bénédictions protectrices et habilitantes promises par Dieu. C’est encore mieux, d’ailleurs, que la promesse du Dr. Seuss, car c’est garanti à cent pour cent, surtout si nous vivons de manière à nous qualifier pour ces bénédictions promises.

Le président Oaks a expliqué comment fonctionne cette formule lorsqu’il a dit : 

Rien n’est impossible à ceux qui respectent les commandements de Dieu et suivent ses directives. Mais les bénédictions qui nous permettent de surmonter les obstacles ne précèdent pas nos efforts, elles en découlent. […]

Que faisons-nous lorsque nous rencontrons des obstacles dans l’accomplissement de nos vertueuses responsabilités ? Nous levons la tête et nous grimpons ! Les prises de main ne seront trouvées que par ceux qui ont les mains tendues. Les prises de pied sont réservées aux pieds qui avancent. Les bénédictions qui permettent de résoudre les problèmes et de surmonter les obstacles viennent à ceux qui avancent14.

Mes chers frères et sœurs, je vous demande aujourd’hui de vous poser une seule question : Est-ce que vous avancez ? Et sinon, pourquoi pas ? Que vous empruntiez le chemin des alliances en traînant les pieds ou en sautillant, cela n’a pas vraiment d’importance ; c’est le fait d’avancer qui compte.

Quand vous rencontrez le chemin ardu qui vous attend, s’il vous plaît, souvenez-vous que vous n’êtes pas seuls. Nous sommes tous confrontés à des épreuves différentes et pourtant similaires. De temps en temps, n’oubliez pas, lorsque vous regardez Y Mountain, de vous poser la question « Pourquoi gravir les montagnes ? ». Je prie pour que vous vous souveniez qu’elles ne sont pas là pour nous empêcher d’avancer, mais pour nous bénir.

Rappelons-nous aussi l’exemple incomparable de notre guide, Jésus-Christ, qui nous a précédés, nous montrant la voie à suivre. Alors qu’il vous invite à prendre votre tour et à grimper, puissiez-vous avoir le courage et la foi de le faire par vous-même tout en vous appuyant pleinement sur la certitude absolue du relais céleste.

Finalement, rappelez-vous qu’il est probable que vous rencontriez des montagnes de doutes et que vous ayez une foi suffisante pour déplacer des montagnes, et que vous viviez parfois ces deux expériences le même jour ! Mais je prie pour que lorsque vous rencontrerez des obstacles (qu’il s’agisse de montagnes ou de minuscules taupinières) vous ayez la vision et la force d’âme nécessaires pour les considérer comme des opportunités envoyées des cieux. Je prie pour que vous vous précipitiez à leur rencontre, à la recherche de ces sommets qui offrent des vues « glorieuses au-delà de toute description », et que vous déclariez courageusement et avec confiance, comme Caleb autrefois : « [Seigneur,] donne-moi donc cette montagne » (Josué 14:12).

Au nom de Jésus-Christ. Amen.

© Brigham Young University. Tous droits réservés. 

Notes

  1. Twain, Mark (Samuel L. Clemens), et Thierry Gillyboeuf, Un Vagabond à l’étranger, (La Baconnière, 2017), (chapitre 36, « Zermatt »).
  2. Voir « Y on the Mountainside: 1906 to the Present », Brigham Young High School History, byhigh.org/History/Ymountain/Yletter.html ; voir aussi Harvey Fletcher, Autobiography of Harvey Fletcher (Provo : H. Fletcher, vers 1967), p. 15-16.
  3. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi il voulait gravir l’Everest, l’alpiniste George Leigh Mallory a répondu : « Parce qu’il est là » (cité dans « Climbing Mount Everest Is Work for Supermen », New York Times, 18 mars 1923, p. 11).
  4. Greg Child, extrait d’une interview dans Jonathan Waterman, « The Natural: Greg Child », dans Jonathan Waterman, éd., Cloud Dancers : Portraits of North American Mountaineers, Golden, Colorado : AAC Press, 1993, p. 280.
  5. Dallin H. Oaks, « The Message: Reach Out and Climb! » New Era, August 1985.
  6. Horacio A. Tenorio, « Les enseignements d’un Père aimant », L’Étoile, juillet 1990.
  7. George Carlin, Napalm and Silly Putty, New York, Hyperion, 2001, p. 210 ; italiques dans l’original.
  8. Brad Wieners, « Climbing the Grand Teton », encadré dans Wieners, « Countdown to Tragedy », Sports Illustrated 115, n° 2(18 juillet 2011).
  9. Boyd K. Packer, « Qu’est-ce que la foi ? » dans Spencer W. Kimball et al., Faith (Salt Lake City : Deseret Book, 1983), 42 ; voir aussi Packer, « Faith », Improvement Era, novembre 1968, p. 62.
  10. Robert D. Hales, « À la Prêtrise d’Aaron : Se préparer à la décennie décisive », Le Liahona, mai 2007.
  11. M. Russell Ballard, « N’ayez pas peur du voyage », L’Étoile, juil. 1997 ; italiques dans l’original.
  12. Souvent attribuée à Edmund Hillary, cette citation provient probablement de l’alpiniste George Leigh Mallory, qui a écrit : « Avons-nous vaincu un ennemi ? Aucun, si ce n’est nous-mêmes. » (« Mont Blanc from the Col du Géant by the Eastern Buttress of Mont Maudit », Alpine Journal 32, n° 218 [septembre 1918] : p. 162). Voir Garson O’Toole (pseud. de Gregory F. Sullivan), « It Is Not the Mountain We Conquer, But Ourselves », Quote Investigator, 18 août 2016,quoteinvestigator.com/2016/08/18/conquer.
  13. Dr. Seuss, Oh, the Places You’ll Go! (New York : Random House, 1990), 35, 40, 42, 44 ; italiques dans l’original.
  14. Oaks, « Reach Out and Climb! »
Michael A. Dunn

Michael A. Dunn, directeur général de BYU Broadcasting, a prononcé ce discours de réunion spirituelle le 1 octobre 2019.