« Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais réjouissez-vous, j’ai vaincu le monde »
Professeur agrégé d'écriture ancienne à BYU
30 avril 2004
Professeur agrégé d'écriture ancienne à BYU
30 avril 2004
Au milieu de toute notre morosité et de nos malheurs mortels, Jésus-Christ a vaincu le monde. Venez, réjouissons-nous.
Nous sommes toujours prêts à améliorer nos traductions. Si vous avez des suggestions, écrivez-nous à speeches.fra@byu.edu.
[N.D.T : Pour garder le message de réjouissance de Sœur Fronk, nous utiliserons des traductions littérales de la version de la Bible du roi Jacques en anglais. Ces traductions sont marquées d’un astérisque].
À l’homme paralytique gisant sans défense sur un lit, Jésus a proclamé : « Réjouis-toi » (Matthieu 9:2*). Aux apôtres effrayés qui luttaient sur une mer agitée, Jésus est apparu sur l’eau, déclarant : « Réjouissez-vous » (Matthieu 14:27*). À Néphi, fils de Néphi, qui était soumis à une loi arbitraire menaçant sa vie et celle d’autres Néphites justes si les signes prophétisés par Samuel le Lamanite ne se produisaient pas, le Seigneur a dit : « Lève la tête et réjouis-toi » (3 Néphi 1:13*). Lorsque Joseph Smith a rencontré dix anciens sur le point d’être envoyés, deux par deux, dans des missions semées d’ennuis et de dangers, le Seigneur a annoncé : « Réjouissez-vous » (D&A 61:36). Dans chaque cas, les gens avaient de nombreuses raisons d’être anxieux, craintifs et désespérés, mais le Seigneur les a exhortés à se réjouir.
À quoi ressemble le message de courage et de réjouissance du Seigneur lorsqu’il s’applique à vous et à moi dans le monde d’aujourd’hui ? Lorsque les incertitudes économiques, les menaces terroristes et la corruption font la une des journaux télévisés du soir, où la bonne nouvelle de l’Évangile intervient-elle ? Quand nous vivons quotidiennement des pertes personnelles de toutes sortes, que reste-t-il pour nous réjouir ?
Nous trouvons la clé pour comprendre cette apparente contradiction dans le contexte de la Dernière Cène. S’adressant aux Apôtres dans les derniers moments avant Gethsémané, Jésus a dit : « Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais réjouissez-vous, j’ai vaincu le monde » (Jean 16:33*). « Comment les Douze ont-ils pu se réjouir ? », a demandé Neal A. Maxwell.
L’agonie inimaginable de Gethsémané était sur le point de s’abattre sur Jésus ; la trahison de Judas était imminente. Puis viendraient l’arrestation et la mise en accusation de Jésus, la dispersion des Douze comme des brebis, l’horrible flagellation du Sauveur, le procès injuste, le cri strident de la foule réclamant Barabbas au lieu de Jésus et enfin l’affreuse crucifixion sur le Calvaire. De quoi pouvaient-ils se réjouir ? Tout simplement de ce que Jésus avait dit : il avait vaincu le monde ! L’Expiation était sur le point de devenir une réalité. La résurrection de toute l’humanité était assurée. La mort allait disparaître. Satan n’avait pas réussi à arrêter l’Expiation. [But a Few Days (Salt Lake City : Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, 1983), p. 4].
Je souhaite concentrer mes remarques aujourd’hui sur le rôle du pouvoir fortificateur du Christ dans notre capacité à nous réjouir au milieu de la morosité et du malheur mortels. Les malheurs et les épreuves perdent leur caractère tragique lorsqu’ils sont vus à la lumière de l’Expiation. On pourrait expliquer ce processus de la manière suivante : plus nous connaissons le Sauveur, plus notre vision s’élargit. Plus nous voyons ses vérités, plus nous ressentons sa joie. Mais c’est une chose de savoir que c’est la bonne réponse dans un cours d’école du dimanche et c’en est une autre de faire l’expérience directe d’une perspective joyeuse lorsque les circonstances actuelles sont loin d’être ce que nous espérions. Si nous développions la foi pour appliquer l’Expiation de cette manière et ne pas nous contenter d’en parler, nous prendrions une conscience importante des limites finies imaginaires, placées par inadvertance sur le sacrifice infini du Sauveur. Considérons deux fausses hypothèses qui, si elles sont poursuivies, bloqueront notre appréciation et notre accès à l’assistance divine du Seigneur.
La première est l’hypothèse erronée selon laquelle, si nous sommes suffisamment bons, nous pouvons éviter que de mauvaises choses nous arrivent, à nous et à ceux que nous aimons. S’il nous suffit de respecter tous les commandements, de payer une dîme honnête, de prier quotidiennement et d’étudier les Écritures, nous pouvons apaiser Dieu, obtenir sa faveur et nous assurer ainsi de sa protection contre les chagrins d’amour, les accidents ou les tragédies. Lorsque nous pensons ainsi, nous « voulons la victoire sans bataille », a observé frère Maxwell, « et nous attendons des rubans victorieux simplement pour avoir regardé » (Men and Women of Christ [Salt Lake City : Bookcraft, 1991], p. 2). Les épreuves ne manqueront donc pas de survenir, y compris lorsque nous essayons de faire tout ce qui est juste. Richard G. Scott a averti : « Souvent, alors que tout semble bien aller, des difficultés se présentent, administrées à doses multiples et simultanément. » Il explique qu’une « raison de l’adversité est qu’elle sert à accomplir les desseins du Seigneur dans notre vie afin que l’épreuve nous affine » (« Confiance au Seigneur », L’Étoile, janvier 1995, p. 17).
Si nous croyons que Dieu nous protégera des tribulations grâce à notre obéissance et si ensuite l’adversité frappe, nous pouvons être tentés d’accuser Dieu de ne pas entendre nos prières ou, pire encore, de ne pas honorer ses promesses. L’obéissance à Dieu n’est pas une assurance contre la douleur et la tristesse. Certaines choses désagréables sont inhérentes à cette étape téleste de notre voyage. Les défis ont toujours été inclus dans le grand plan de Dieu pour tester notre foi, pour stimuler en nous la croissance, l’humilité et la compassion. Les chagrins et les luttes ont été divinement conçus pour nous pousser jusqu’à ce que nous n’ayons plus d’autre choix que de nous tourner vers Dieu.
Le sol a été maudit à cause d’Adam, et il a été promis à Ève que ses peines (ou épreuves) seraient multipliées (voir Genèse 3:16-17). L’apôtre Paul a reconnu : « Il m’a été mis une écharde dans la chair […] pour me souffleter et m’empêcher de m’enorgueillir » (2 Corinthiens 12:7). Le Seigneur a demandé à Sariah de renvoyer ses fils à Jérusalem et d’encourir des dangers avant qu’elle ne soit convaincue de la volonté de Dieu pour sa famille (voir 1 Néphi 5:1-8). La mission du Christ n’a jamais eu pour but d’empêcher les cœurs de se briser, mais de guérir les cœurs brisés ; il est venu pour essuyer nos larmes, non pour s’assurer que nous ne pleurions jamais (voir Apocalypse 7:17). Il a clairement promis : « Vous aurez des tribulations dans le monde » (Jean 16:33).
Une deuxième hypothèse erronée, lorsque nous sommes confrontés à la tribulation, peut être tout aussi destructrice pour notre foi au Christ. Nous pouvons conclure que les difficultés viennent du fait que nous n’avons pas fait assez de bien dans le monde.
Nous pensons peut-être que la bonne humeur permanente est le fruit de notre propre gestion et de nos propres efforts. Après tout, nous sommes des femmes brillantes, capables et ingénieuses. Lorsque nous considérons la tribulation et l’expiation du Seigneur sous cet angle, nous pouvons nous référer à l’Écriture qui dit que « c’est par la grâce que nous sommes sauvés, après tout ce que nous pouvons faire » (2 Néphi 25:23), et en déduire que nous devons d’abord prouver notre valeur par notre obéissance et notre justice avant que le sacrifice du Seigneur ne nous couvre ou que sa grâce ne nous rende capables de le faire. La confiance en nos propres efforts plutôt que la reconnaissance humble de Dieu est reflétée dans le terme pharisaïsme.
Lorsque nous regardons à la lumière de notre justice et que nous sommes réconfortés par nos bons efforts, l’idée de dépendre entièrement du Christ (voir 2 Néphi 31:19 ; Moroni 6:4) semble un peu risquée. Écoutez la série de sentiments qu’une telle perspective peut engendrer et qui ressemblent à des dominos : et si je dépendais de Dieu, mais qu’il ne me répondait pas quand j’ai besoin de son aide immédiate ? Avec tous les problèmes graves de l’univers, pourquoi aurait-il le temps ou l’intérêt de s’occuper de ma crise personnelle ? En revanche, si j’organise ma vie avec soin et que je réfléchis intelligemment, je pourrais résister à la tentation et ne pas avoir à m’appuyer sur le Seigneur pour obtenir de l’aide. De plus, je ne ferai pas partie de ceux qui ont contribué à sa souffrance à Gethsémané. Si je me contente d’utiliser mes compétences et mon cerveau, je peux en fait aider le Seigneur au lieu de puiser dans sa force. Après tout, il y a tant de gens ici qui sont dans une situation pire que la mienne.
Sans le vouloir, lorsque nous raisonnons de cette manière, nous ressemblons étrangement à la prédication humaniste de Korihor dans le Livre de Mormon, selon laquelle « ce qu’il advenait de tout homme dans cette vie dépendait de la façon dont il se gouvernait ; c’est pourquoi, tout homme prospérait selon son génie, et tout homme conquérait selon sa force » (Alma 30:17), soutenant ainsi que ses auditeurs n’avaient pas besoin du Christ et de son expiation. « Et c’est ainsi que [Korihor] leur prêchait, égarant le cœur de beaucoup, […] oui, entraînant beaucoup de femmes, et aussi d’hommes, à commettre la fornication » (Alma 30:18).
Craintifs et déstabilisés par l’inattendu, nous laissons s’évanouir notre foi au Christ pour « assouvir notre orgueil » par « notre vaine ambition » (D&A 121:37). Cette façon de penser conduit facilement à justifier les actes répréhensibles parce que nous contrôlons la situation ; nous savons mieux que les autres, et le péché n’est donc pas un problème pour nous. Nos efforts se concentrent sur notre réussite personnelle pour montrer que nous n’avons besoin de personne d’autre. Si nous parvenons à contrôler notre monde — nos addictions sous toutes leurs formes, nos troubles alimentaires et notre obsession de la minceur, notre insistance pour que notre maison soit toujours immaculée, notre fascination pour les preuves extérieures d’éducation et de réussite — alors nous pourrons enfin être joyeux. La mention scripturale des femmes avant les hommes dans la réaction aux enseignements de Korihor est une formulation curieuse. Je ne sais pas tout ce qu’une telle formulation peut impliquer, mais nous pouvons au moins conclure que les femmes n’étaient pas exemptées et peut-être même particulièrement attirées par la philosophie de « gouvernement de soi » de Korihor.
Jésus a déclaré : « Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais réjouissez-vous, j’ai vaincu le monde » (Jean 16:33* ; italiques ajoutés). Il n’a pas dit que vous deviez vaincre le monde ou qu’il avait vaincu le monde uniquement pour les faibles qui n’étaient pas assez intelligents ou assez forts pour le faire par eux-mêmes. Le Sauveur a dit : « J’ai vaincu le monde ».
Les prophètes de toutes les époques ont témoigné que la grâce du Christ est suffisante. Suffisant signifie « assez »ou « autant que nécessaire ». Les prophètes nous rappellent également notre propre néant et notre dette envers le Christ, que nous sommes moins que la poussière de la terre, que sans lui nous sommes des serviteurs inutiles (voir Mosiah 2:21-25), et que
aucune chair […] puisse demeurer en la présence de Dieu, si ce n’est par les mérites, et la miséricorde, et la grâce du saint Messie. […]
[…] Il intercédera pour tous les enfants des hommes ; et ceux qui croient en lui seront sauvés. [2 Néphi 2:8–9]
L’apôtre Paul a appris cette leçon. Sans doute le missionnaire le mieux préparé que le monde ait connu, Paul était brillant en langues, très instruit dans la religion juive et bien versé dans la culture et la philosophie gréco-romaines de son époque. S’appuyant sur sa riche éducation et son intelligence supérieure, il a tenté d’enseigner aux intellectuels d’Athènes que le Christ était leur « dieu inconnu » (voir Actes 17:23), en citant leurs poètes et en utilisant leur philosophie. Si les connaissances et la présentation de Paul ont pu impressionner son auditoire philosophique, son approche érudite à Athènes a produit une récolte décevante.
D’Athènes, Paul s’est rendu à Corinthe, où il a connu un succès retentissant. Plus tard, dans une épître aux saints de Corinthe, Paul explique son approche missionnaire parmi eux, peut-être en repensant à son expérience à Athènes :
Pour moi, frères, lorsque je suis allé chez vous, ce n’est pas avec une supériorité de langage ou de sagesse que je suis allé vous annoncer le témoignage de Dieu.
Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié.
Moi-même j’étais auprès de vous dans un état de faiblesse, de crainte, et de grand tremblement ;
et ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d’Esprit et de puissance. [1 Corinthiens 2:1–4]
Faire confiance au Seigneur pour nous soutenir dans nos épreuves et nous donner ce qu’il faut dire et faire au moment où nous en avons besoin peut être effrayant lorsque nous avons pris l’habitude de nous fier à nos compétences familières. Pourquoi Paul était-il prêt à mettre de côté ses prouesses en matière d’éducation, alors qu’elles seraient manifestement impressionnantes pour les investigateurs de sa religion ? Il a expliqué « afin que votre foi fût fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Corinthiens 2:5).
Le dictionnaire de la Bible de l’Église décrit la grâce comme un
moyen divin d’aide ou de force, donné par la miséricorde généreuse et l’amour de Jésus-Christ. […]
[…] Par la foi en l’expiation de Jésus-Christ et le repentir de leurs péchés, [les individus] reçoivent la force et l’assistance nécessaires pour accomplir les bonnes œuvres qu’ils ne pourraient pas maintenir s’ils étaient laissés à leurs propres moyens. [« Grâce »]
L’Expiation ne nous bénit pas seulement après que nous ayons obéi, mais elle est en fait le pouvoir qui nous soutient pendant que nous accomplissons la tâche. De même, Joseph Smith a appris que « selon la grâce de notre Seigneur » (D&A 20:4), il a reçu « des commandements qui l’inspirèrent, et […] le pouvoir d’en haut » (D&A 20:7-8). Par sa grâce magnanime, le Christ nous donne des commandements, non pas pour nous restreindre et nous limiter, mais pour nous inspirer et nous fortifier afin de comprendre et d’accomplir tout ce qu’il nous invite à faire.
Lorsque nous regardons à la lumière du fait que le Christ a déjà vaincu le monde, l’Écriture qui dit que « c’est par la grâce que nous sommes sauvés, après tout ce que nous pouvons faire » (2 Néphi 25:23) semble très différente. Qu’est-ce que « tout ce que nous pouvons faire » ? Un groupe de Lamanites convertis, les Anti-Néphi-Léhis, a trouvé la réponse. Leur dirigeant a enseigné avec sagesse : « Cela a été tout ce que nous pouvions faire […] pour nous repentir de nos péchés […] et pour amener Dieu à les ôter de notre cœur » (Alma 24:11). Ces humbles saints préféraient plaire à Dieu beaucoup plus qu’à leurs parents. Ils ont manifesté leur repentir sincère en enterrant leurs armes de guerre et en faisant alliance avec Dieu.
Nous pouvons faire de même. Nous pouvons admettre que nous avons péché et que nous avons besoin de la rédemption du Seigneur. Nous pouvons confesser sa puissance et sa bonté et notre besoin constant de son influence qui nous soutient et nous fortifie. Nous pouvons enterrer nos armes de guerre, les outils que nous sommes enclins à utiliser pour survivre sans lui et qui ne servent qu’à renforcer notre orgueil et notre pharisaïsme. Et nous pouvons contracter et respecter nos alliances avec lui.
Ce semestre, j’ai vu une jeune étudiante apprendre cette leçon. Après avoir étudié les remarquables épîtres de l’apôtre Paul, elle a fait le commentaire suivant devant la classe :
Paul a enseigné que la grâce du Christ compensera tout ce qui nous manque, si nous avons foi en lui. Ce semestre, j’ai été appelée à enseigner la doctrine de l’Évangile dans ma paroisse. C’était l’appel le plus effrayant pour moi, car je ne suis pas du genre à me tenir devant une classe, surtout pendant quarante-cinq minutes. Mais alors que je me préparais pour ma première leçon, je me suis souvenue de ce que Paul avait dit à propos de la grâce du Christ. J’ai donc préparé tout ce que je pouvais et j’ai prié intensément pour que la grâce du Christ compense tout ce qui me manquait. Ce qui s’est passé est étonnant. C’était incroyable parce que ce n’était pas moi. L’esprit était si fort et la leçon était puissante parce que la grâce du Christ a rempli le fossé existant entre ma préparation et ce qui devait être enseigné par l’Esprit. Sa grâce est un don puissant. Ce n’est pas quelque chose que nous gagnons.
Dans le contexte scripturaire, la joie évoque un optimisme divinement assuré, « une confiance profonde dans les desseins de Dieu » (Neal A. Maxwell, But a Few Days, p. 4), une conviction bien ancrée que Dieu tiendra toujours ses promesses. Lorsque le Christ proclame : « Réjouissez-vous ! », il ne demande pas une réponse naïve et à la manière de Pollyanna aux tours et détours cruels de la vie. Il ne promet pas non plus une vie sans douleur et une félicité constante. L’épreuve ne fait pas acception de personnes. Les tragédies et les épreuves ne font aucune discrimination. Notre monde voit s’opposer les riches et les pauvres, les hommes et les femmes, les justes et les méchants. Alors que la malhonnêteté et la vanité croissantes de notre société sont évidentes, le Sauveur a expressément prié Dieu de nous « ôter du monde » (Jean 17:15). Il nous a enseigné que « votre joie n’est pas pleine en ce monde, mais elle l’est en moi » (D&A 101:36). Comment pouvons-nous apprendre autrement que la véritable satisfaction ne se trouve qu’en se détournant du monde et en venant au Christ ?
Ce n’est qu’après avoir craint de perdre ses fils et réalisé que le témoignage du Christ de son mari prophète n’était pas suffisant pour soutenir le sien que Sariah a trouvé le Seigneur elle-même et a déclaré :
Maintenant je sais avec certitude que le Seigneur a commandé à mon mari de fuir dans le désert ; oui, et je sais aussi avec certitude que le Seigneur a protégé mes fils, et les a délivrés des mains de Laban, et leur a donné du pouvoir pour leur permettre d’accomplir ce que le Seigneur leur a commandé. [1 Néphi 5:8]
Elle a découvert que la grâce du Christ était suffisante. Quand ses fils sont retournés dans la tente de leur père, Néphi a raconté : « Notre père […] fut rempli de joie, et ma mère, Sariah, se réjouit extrêmement aussi » (1 Néphi 5:1). Naturellement, cette joie et cette allégresse sont dues au fait que ses fils sont revenus sains et saufs. Mais cette joie est également évidente dans son témoignage que le pouvoir du Seigneur a permis à ses fils d’accomplir de bonnes œuvres qu’ils n’auraient pas pu faire s’ils avaient été laissés à leurs propres moyens.
Après avoir subi des persécutions physiques et émotionnelles pendant des années de travail missionnaire, Paul s’est retrouvé dans une prison romaine et a ensuite déclaré :
J’ai appris à être content de l’état où je me trouve.
Je sais vivre dans l’humiliation, et je sais vivre dans l’abondance. En tout et partout j’ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans la disette.
Je puis tout par [le Christ] qui me fortifie. [Philippiens 4:11-13]
Qu’est-ce que cela signifie pour chacun d’entre nous ici aujourd’hui ? Je peux commencer par reconnaître que j’ai connu des tribulations dont personne d’autre que le Seigneur ne pouvait me délivrer. Des circonstances que je n’aurais jamais choisies avec plaisir m’ont mise à genoux et m’ont fait me tourner vers Dieu. De plus, je m’attends à d’autres épreuves à l’avenir, car Dieu m’aime.
Alors que le Seigneur promet clairement : « Vous aurez des tribulations dans le monde » (Jean 16:33), les défis de la vie sont rarement les mêmes pour vous et pour moi. Je peux aussi reconnaître que vous avez des défis que je ne connaîtrai probablement jamais, des défis et des croix qui seront tout aussi éprouvants pour votre âme que les miens le sont pour moi. Je peux résister à la tentation d’assumer le rôle du Maître-guérisseur en vous annonçant, dans votre désespoir : « Réjouissez-vous » ou « je comprends exactement ce que vous ressentez ». Je peux être consciente que c’est de sa voix que vous et moi avons besoin de recevoir ce message si nous voulons être guéris. Il est le seul à comprendre véritablement notre peine. Lui seul a ressenti notre douleur personnelle.
Mais je peux aussi apprendre à connaître le Seigneur et choisir de témoigner de son don divin chaque fois que j’ai l’occasion de parler ou d’enseigner. Je peux me rendre compte que j’aiderai davantage une autre personne à trouver le Seigneur en témoignant de ma totale dépendance à l’égard du Christ dans mes actions et mes conversations informelles qu’en affichant une image extérieure apparemment parfaite qui donne trop souvent l’impression que je n’ai plus besoin de lui. Nous devrions être en compétition avec le péché, et non essayer de déterminer qui a le moins besoin du Sauveur. Lorsque nous reconnaissons que nous sommes tous confrontés à des difficultés ; que le Sauveur a vaincu le monde ; qu’il a relevé, fortifié et donné une vision à chacun d’entre nous de manière très personnelle, nous nous rendons compte que nous ne sommes jamais seuls. Nous ressentirons une paix intérieure, même si la crise extérieure fait toujours rage. Nous serons remplis d’espoir et même de joie.
Les paroles de l’un de nos cantiques de Sainte-Cène sont une bonne raison de lever la tête et de se réjouir :
À toute âme en détresse,
À tout pécheur déchu,
Tu offres ta tendresse,
Accordes ton salut.
À ceux qui t’abandonnent
Et même à tes bourreaux,
Ton grand amour pardonne,
Ne fait jamais défaut.
Grâce à ton sacrifice,
La loi est accomplie.
Ton pardon, ta justice,
À chacun sont promis.
Satan ne peut plus nuire,
Si long soit le combat.
La mort ne peut détruire,
Nous revivrons par toi. [« Seigneur, ô toi qui portes la couronne » Cantiques, 1993, n° 119]
Frères et sœurs, Jésus-Christ a bel et bien vaincu le monde ! De même que les ténèbres n’ont aucun pouvoir lorsque la lumière apparaît, de même le monde ne peut vaincre ou comprendre la Lumière du monde (voir Jean 1:5). Il est le vainqueur, venu sur terre avec « la guérison […] sous ses ailes » (3 Néphi 25:2) pour nous-mêmes et pour ceux qui nous déçoivent. Il ne nous abandonnera pas. Il nous guide même lorsque nous ne connaissons pas toutes les réponses. Comme Sariah et l’apôtre Paul qui ont trouvé son amour incomparable dans leur détresse, nous pouvons nous aussi connaître la grâce du Sauveur dans nos profonds besoins.
Comme la mère poule rassemble ses poussins sous ses ailes, le Rédempteur nous entourera de sa puissance infiniesi nous venons à lui (voir Matthieu 23:37). Il y a de la place sous ses ailes pour chacun d’entre nous, car il déclare :
C’est pourquoi, prenez courage et ne craignez pas, car moi, le Seigneur, je suis avec vous et je me tiendrai à vos côtés ; et vous rendrez témoignage de moi, Jésus-Christ ; vous rendrez témoignage que je suis le Fils du Dieu vivant, que j’étais, que je suis et que je vais venir. [D&A 68:6]
Certes, nous vivons un temps de guerres, un jour de conflits et de terreurs, non seulement entre les nations, mais aussi dans nos propres cœurs. Mais celui qui est le Baume de Galaad (voir Jérémie 8:22) est le Capitaine de toute la création ; ce n’est qu’en lui que l’on trouve la paix et la sérénité. Au milieu de toute notre morosité et de nos malheurs mortels, Jésus-Christ a vaincu le monde. Venez, réjouissons-nous.
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Camille Fronk était professeur agrégé d'écriture ancienne à l'université Brigham Young lorsqu’elle a donné ce discours lors de la conférence des femmes du 30 avril 2004.